Chartreuse
J’ai toujours été particulièrement sensible à la succession des saisons en montagne : les forêts qui passent du vert à l’orange puis au noir, les prairies colorées se muant en moquettes immaculées, les reliefs clinquants dans la lumière estivale devenant vaporeux sous le soleil d’hiver… C’est le hasard qui m’a amenée pour la première fois en Chartreuse en mars 2021, et c’est l’envie pressante de la redécouvrir sans son habit blanc qui m’y a ramenée quelques mois plus tard. Né du soulèvement des Alpes qui a fait se dresser les dalles calcaires et bénéficiant d’une importante pluviométrie, le massif fait l’effet d’un serein cocon vert, immense forêt aux barres rocheuses et aux sommets pointés de croix.
Monastère de la Grande Chartreuse
Le monastère de la Grande Chartreuse est peut-être l’un des sites les plus connus du massif et c’est par là que j’ai commencé. Voué à la prière et à la contemplation, l’Ordre des Chartreux qui s’y est établi au 11e siècle tire son nom du massif. L’édifice accueille une trentaine de moines dont l’on croise parfois la silhouette blanche encapuchonnée. Si le site n’est pas ouvert au public, son atmosphère transparait au-delà de ses imposants murs d’enceinte. On l’appréhende donc de l’extérieur, en en faisant le tour et en montant jusqu’à la bute qui le surplombe. Le stationnement se fait à 1,5 km au sud du monastère, près du musée, point névralgique de nombreuses randos.
Randonnée sur le flanc ouest (hiver)
Pour ma première visite, j’ai dépassé le monastère puis bifurqué à gauche à la scierie, rejoignant le flanc ouest qui monte sec. J’improvise ensuite une très belle boucle dans un décor soyeux et sauvage, accompagnée pour mon plus grand plaisir par de petits rongeurs… 4h de marche tranquilou pour ce tracé, comprenant le tour du monastère.
Randonnée sur le flanc est (printemps)
Je prends cette fois-ci à droite après le monastère et m’élève sur le flanc est. Les balades forestières comme celle-ci ne sont généralement pas celles qui me plaisent le plus, mais les forêts de Chartreuse ont un quelque-chose bien à elles… Et les rares points de vue sur le monastère sont vraiment époustouflants !
Randonnée du bec de La Scia (hiver)
La première étape de cette rando en raquettes consiste à gravir la piste de ski ; une entreprise éreintante récompensée d’une merveilleuse vue sur le Grand Som.
En haut du télésiège, comptez 20-25 minutes très escarpées dans la partie rocheuse pour rejoindre le bec de La Scia. Sur ce terrain mouvant avec bébé sur le dos, on ne se sentait pas le pied assez sûr et mon mari s’est résolu à faire demi-tour, ce qui ne nous arrive pas souvent. Là-haut, je savoure donc seule le sublime panorama scintillant sur le plateau des Petites Roches, Chamechaude, la Dent de Crolles…
Redescente par le même chemin.
Randonnée du bec de La Scia (printemps)
Tracé relativement différent pour la version estivale. Après un moment dans une douce et odorante forêt, une brèche munie de cordes fixes marque la transition avec une section plus glissante en surplomb. Puis je m’élève par le versant sud de la montagne, atteignant le sommet du télésiège après 1h45 de marche.
15 minutes supplémentaires jusqu’à la table d’orientation du bec de La Scia. J’ai ensuite poursuivi sur la ligne de crête jusqu’à la croix de La Scia, mais ai trouvé que cela ne présentait pas grand intérêt… Retour jusqu'à la table d'orientation, puis un peu au hasard via les pistes de VTT et de ski.
Randonnée de Chamechaude
Depuis le col de Porte, le sommet du la Chartreuse s’atteint par une rando plutôt sèche : fort dénivelé sur peu de kilomètres. Le timing de 2h50 indiqué en bas est très large ; j’ai mis à peine plus malgré un oubli de pique-nique qui a obligé mon homme à retourner à la voiture pendant que je patientais…
Le sentier traverse la forêt avant de se hisser en lacets caillouteux.
Il rejoint des pentes d’herbe qui s’effacent ensuite devant la roche. Par 2 fois il faut mettre les mains sur l’arrête sommitale ; pas de danger en soi mais compliqué avec de jeunes enfants. Si les masses nuageuses de cette journée m’ont empêchée de discerner distinctement les sommets de Chartreuse, elles ont aussi conféré à ces instants une atmosphère ensorcelante !
Je repars ensuite en suivant la falaise et ses brèches, opérant une petite boucle avant de redescendre.
Gorges du Guiers Mort
Entre le pont Saint-Bruno et le pic de l’Œillette (3 km), un sentier suit ce qui était autrefois le seul chemin d’accès au monastère. On le dit "mort" par opposition au Guiers Vif, qui aurait continué à couler tandis qu’une sécheresse ou un éboulement aurait jadis quasiment tari le Guiers Mort. Les Chartreux développèrent ici différentes industries tirant partie de la force motrice du cours d’eau, jouant un rôle important dans le développement économique de la région.
La balade se déroule dans une très belle forêt d’épicéas, de hêtres et de sapins recouverts de mousse, traverse la rivière sur de frêles ponts et demande de s’accrocher parfois à des mains courantes.
Demi-tour au pied de l’impressionnant roc de 40 mètres comme planté à la verticale, qui constitua jusqu’en 1715 une porte d’entrée contrôlée vers le massif.
Hébergement
Très chouette expérience dans une cabane Chartreuse insolite, petite bulle feutrée face au soleil couchant ! Toute la famille a apprécié de pouvoir faire de la luge juste derrière notre logis d’un soir…
Excellent séjour également au gîte du Cheval d’Or. Grande cuisine, livres, documentation touristique, jouets pour les enfants, cela fait partie de ces locations où l’on se sent presque comme à la maison et où l’on voudrait rester davantage ! La localisation pour découvrir le massif est idéale, la vue sur le Charmant Som et Chamechaude depuis son lit jubilatoire 😊 Petit bémol, la lumière tôt le matin dans les chambres et l’église qui sonne toutes les demi-heures la nuit, pas top pour ceux qui ont le sommeil léger.