Plateau de l'Aubrac
Encore une destination qui me faisait rêver depuis longtemps, emballée par la promesse d’un territoire sauvage aux lumières si particulières. Forêts sombres, pâturages parsemés de blocs de granit et villages en pierre dessinent les paysages du plateau de l’Aubrac. Aux confins de la Lozère, de l’Aveyron et du Cantal, ce territoire foulé par les vaches aux yeux cernés de noir et les pèlerins couvre 2 500 km2. Cent fois je l’ai vu changer de visage, sous les nuages noirs de l’orage, dans la brume d’une journée humide, ou à travers les rayons de soleil dorés du crépuscule… Récit d’une escapade au royaume de la quiétude !
Source : Aubrac
Randonnée des lacs
C’est par cette rando sympathique que j’ai découvert les paysages aubracois : des pâturages quadrillés par des murets en pierre sèche que l’on appelle drailles, des nappes d’eau qui semblent posées dans les prairies, et en cette saison, un magnifique tapis de jonquilles qui recouvrait tout…
Je passe par le lac de Saint-Andéol, puis fait un crochet jusqu’à celui de Born.
A partir de là, et c’est le gros point noir de cette balade, on marche sur le bitume. Dans leur enclos, des vaches à l’air blasé me regardent passer du coin de l’œil en mastiquant…
Après une halte à la cascade du Déroc, à laquelle je reviendrai le lendemain, je rejoins Marchastel par le sud.
Cascade du Déroc
C’est une chute d’eau au fort débit, se précipitant du haut d'une falaise. En descendant en-dessous, on peut s'aventurer derrière la cascade, dans une grotte tapissée d'orgues basaltiques.
Randonnée de Saint-Jacques-de-Compostelle
J’ai toujours voulu me mettre dans la peau d’un pèlerin sur le chemin sacré de Saint-Jacques-de-Compostelle. Ce matin-là, je garais ma voiture au carrefour des 4 chemins et m’élançais en direction de Nasbinals, une portion emblématique qui fait partie des 5 étapes de la via Podiensis à travers l'Aveyron. Autour de moi, d’immenses steppes délimitées par des murets en pierre et surmontés de fil barbelé.
Mon passage préféré, la montée au roc des Loups, un endroit très granitique qui jouit d’une belle vue sur le plateau.
Quelques moments sur route sont à noter un peu plus loin, mais les lieux sont plutôt calmes. On traverse quelques villages en pierre pittoresques, ainsi que le beau pont de Marchastel.
A savoir : j’ai cru m’étrangler quand on m’a annoncé le prix pour un retour en bus de Nasbinals au carrefour des 4 Chemins : 10 €, rien que ça, pour 10 minutes de trajet. Les pélerins ont visiblement la réputation d’avoir les bourses pleines !
Les burons
De la fin du printemps au début de l’automne, les burons abritaient jadis les bergers qui amenaient leurs troupeaux à la pâture. Aujourd’hui, ces typiques cahutes en pierre font partie du paysage aubracois et contribuent beaucoup à son charme. J’ai passé pas mal de temps à écumer les routes pour trouver les burons les plus photogéniques, mais s’ils sont nombreux, il faut avouer qu’il n’est pas aisé de trouver ceux dont le toit n’est pas effondré, qui n’ont pas été raccommodés avec du béton, ou bien une grue en arrière-plan !
Les ponts et les routes
Jalonnés par des ponts pittoresques, les routes ondulant à travers le plateau sont très agréables à parcourir. Celle qui monte en direction du col de Bonnecombe m’a particulièrement plu, serpentant entre les troupeaux de vaches, les lacs et les tourbières. Je me suis sentie toute petite dans l’immensité de la nature autour de moi, et c’est bien ce que je recherche lors de mes escapades !
Le soir venu, beaucoup de poésie se dégageait des herbages soufflés par le vent sous le ciel rosé. Et il fallait au moins ça pour me motiver à poser mon trépied sur la colline, malgré la température à peine positive et un sac de couchage glacé comme seule perspective pour la nuit 😊
Pont de Marchastel
L’un des plus photographiés et des plus emblématiques de la région ! Ses 3 arches enjambent la rivière du Bès.
Pont de Gournier
L’orage s’est invité lors de mon passage près du pont de Gournier, dessinant typiquement le genre d’image admiré maintes fois sur le web et qui m’avait donné envie de venir jusqu’ici...
Pont de Saint-Chély-d’Aubrac
L’aller-retour que j’ai fait jusqu’à là-bas juste pour voir ce pont symbolique de Saint-Jacques-de-Compostelle n’était pas forcément justifié, bien qu’il ait de l’allure.
Forge de Laguiole
Qui n’a jamais entendu parler des couteaux Laguiole ! A l’entrée du village constellé de boutiques de couteliers, j’ai visité la manufacture Forge de Laguiole, qui a vu le jour en 1987 et où sont réalisées toutes les étapes de fabrication. L’entreprise est entièrement ouverte au public, une démarche que j’ai fort appréciée : derrière la boutique se trouve un atelier où un maitre coutelier fait des démonstrations, mais on accède aussi à tous les bureaux, de la forge au packaging, en passant par l’administration.
Chaque lame demande plusieurs heures, voire plusieurs jours de fabrication. Les plus onéreux sont de vraies œuvres d’art. Moi qui n’avais jamais eu de "vrai" couteau, c’était l’occasion ! J’ai acquis un petit modèle qui ne me quitte plus, et sur lequel je compte désormais pendant mes baroudages pour tartiner le fromage et couper le saucisson !
Randonnée de la cascade du Dévez
Non loin de là, comptez 2 heures de marche pour cette jolie balade à travers bois, pendant laquelle les rayons du soleil percent la canopée par intermittence. Au bout, les 30 mètres de hauteur de la cascade du Dévez ! Différents itinéraires possibles, indiqués sur un panneau au départ.
à table !
Peu de ventes directes dans le coin, mais on retrouve de nombreux produits issus des producteurs sur les marchés ou chez des revendeurs. A Nasbinals, la boucherie Souchon confectionne pâtés, charcuterie, et vend la viande des porcs qu’elle élève.
Lorsqu’un magasin est fréquenté par davantage de locaux que de touristes, on se dit que l’on est au bon endroit 😊 C’est le cas de la Maison Conquet à Laguiole, tenue par un monsieur un peu bougon, mais dont les produits font baver d’envie. Je me suis notamment laissée tentée par un sac d’os, spécialité de la région constituée d’une panse remplie d’os de pieds de cochon et séchée, que j’ai mis à dessaler une nuit avant d’en faire une potée : divin !
On n'oublie évidemment pas de faire le plein de tomme fraîche et de laguiole à la coopérative fromagère La Jeune Montagne, dont la galerie au-dessus des ateliers permet d'observer la confection du fromage.
Autre adresse gourmande : la Drosera Gourmande, à Laguiole, pour faire les terrines, confitures, apéritifs...
Vous verrez dans toutes les vitrines des boulangeries de grosses fouaces aromatisées à l’eau de fleur d’oranger, une autre spécialité du coin.
Sur le plateau pousse une plante mentholée baptisée thé d’Aubrac, exploitée depuis quelques temps par une association qui en fait des infusions, des biscuits ou encore des cosmétiques. La boutique place du Foirail est l’occasion de faire quelques emplettes, mais aussi de prendre un quatre-heures, attablé à l’intérieur.
A la Maison de l’Aubrac, on mange de savoureuses tartines salées et sucrées qui mettent à l’honneur les producteurs locaux : de la viande de bœuf Aubrac, du laguiole, etc. Les grandes baies vitrées donnent directement sur le plateau et la salle d’exposition déborde d’infos et de photos sur la région.
Et enfin, j’ai profité d’un excellent dîner à l’auberge de la Tourre, qui valorise avec régal et générosité les recettes traditionnelles et les produits du terroir ! De l’aligot, des fromages à tomber, et en entrée une vraie découverte : de la viande de bœuf et de veau séchées, servies comme un carpaccio avec des huiles et des aromates…
Hébergement
C’est au camping de Nasbinals que je me suis installée lors de mon séjour, un lieu central pour sillonner le plateau et à proximité de toutes les commodités (supérette, boucher, boulangerie…). Il s’agit d’un camping traditionnel, disposant d’une salle commune avec cheminée et congélateur. La météo difficile en ce tout début mai m’a forcée à plier ma tente un peu plus tôt que prévu… sous les flocons de neige !