Moskenesøya
Moskenesøya, c'est la plus emblématique des îles Lofoten, celle d’où proviennent la plupart des folles images aux maisons rouges et aux montagnes sombres qui circulent sur le web. Au nord, je me suis beaucoup plu à la plage d’Yttersand, un paisible bout de terre établi sous l’œil de quelques habitations typiques.
Vous passerez forcément par les îlots d’Hamnøy pour rejoindre Reine. Cette concentration de cabanes en bois rouge sur pilotis, dont beaucoup sont destinées à la location, se dresse devant les reliefs obscurs du sud de l’île : une vraie image d’Epinal !
C’est à l’intersection avec la E10 que l’on trouve le point de vue sur Reine que l’on voit partout, et véhiculant à lui seul toute l’idée que l’on se fait des Lofoten sur la toile. Pourtant, sorti de ce spot, Reine n’a à mon sens pas tellement autre chose à offrir…
Pour en finir avec ces villages dont l’image est un peu surfaite, voici Å (à prononcer « o »), tout au sud de l’île de Moskenes, qui semble être devenue une ville dortoir pour les touristes.
Randonnée vers la plage de Kvalvika
Voilà le meilleur rapport temps de marche / beauté des paysages de l’île de Moskenes ! Elle se constitue d’une montée vers un col, puis d’une descente vers la plage, pour grosso modo une heure d’effort aller. Beaucoup de boue, mais également des rochers et des planches, ce qui en fait l’une des randos les moins salissantes des Lofoten 😃 Une balade familiale et donc fréquentée, d’autant plus que la plage est un beau spot de camping sauvage : en bas se trouve un terrain herbeux relativement plat avec des barbecues.
Il est possible, après la plage de Kvalvika, de monter jusqu’au Ryten pour jouir d’une vie plongeante, ce que je n’ai pas fait compte-tenu de mes muscles douloureux ce jour-là.
Randonnée d'Helvete
La plus belle vue sur le fjord de Reine se mérite ! Tout d’abord, 1h30 de galère sur un chemin rocheux qui contourne le lac par le sud, requérant 100 % de concentration pour ne pas s’étaler dans la boue !
Après avoir dépassé la petite maison au bout du lac, on s’élève pour rejoindre le saut de la cascade, en restant toujours à gauche de la chute d’eau. La tâche n’est pas aisée puisqu’il n’y a pas de balisage et que l’ascension est extrêmement raide : gardez l’œil bien ouvert pour repérer les traces des randonneurs ayant piétiné l’herbe, et vous faufiler entre les plaques rocheuses que recouvre parfois l’eau. Malgré la difficulté du terrain, force est de constater que le cadre est enchanteur, dessiné par des toboggans naturels qui plongent dans le lac aval.
En haut, quelques pierres permettent de traverser au sec la rivière qui se transforme en cascade. On continue de prendre de l’altitude à flanc de montagne, puis le long d’un autre cours d'eau…
Quand j’arrive à la crête, la vue sur le village de Reine en dessous me laisse sans voix ! C’est l’un de ces coins de paradis dont la planète abonde et que seules de longues heures d’effort peuvent révéler, et je suis à ce moment-là ravie à la fois d’être de ceux capables d’y accéder, mais aussi que tout le monde ne le soit pas, afin que ces lieux ne deviennent pas des autoroutes…
N’arrivant à me détacher de la vue, je continue un peu le long de la crête avant de me diriger vers le sommet, noyé par intermittence dans une nappe de nuages filant à la vitesse de l’éclair. Pendant toute la durée de mon pique-nique, le Reinefjord joua ainsi à cache-cache, ajoutant encore plus d’émotion aux moments où les courbes du panorama voulaient bien se montrer.
Retour par le même chemin jusqu'au grand parking du départ.
Trek de 2 jours jusqu’à Hermannsdalstinden via Munkebu
Avez-vous déjà jeté un coup d’œil à la vue aérienne de l’île de Moskenes ? Le fjord de Reine ainsi qu’une multitude de lacs de toutes les formes constellent un terrain montagneux, résonnant comme la promesse de randos phénoménales ! Ayant décidé de réaliser le premier trek de mon existence dans cet environnement de rêve, j’avais repéré avant mon départ une version sur 2, 3, ou 4 jours en fonction de ma forme et de la météo ; ce sera finalement 2 jours en aller-retour jusqu’à Hermannsdalstinden.
La première partie consiste à rejoindre le refuge de Munkebu (3 heures de marche), un incontournable rassemblant pas mal de monde (stationnement peu aisé). Ceux que la perspective d’un trek effraie peuvent aisément se contenter de cette portion, concentrant à elle-seule tout ce que les Lofoten ont de plus beau : cascades, lacs et infinité de coins pour passer la nuit en pleine nature.
Je passe ensuite entre les lacs Fjerddalsvatnet et Tennesvatnet et contourne ce dernier, ralliant l’extrémité sud du Reinefjord, où je plante ma tente dans l’un des endroits les plus dingues de ma vie !
Ainsi délestée de mon chargement, je reprends la direction d'Hermannsdalstinden, l’étape la plus difficile. On s’élève alors au-dessus des lacs, découvrant un panorama extraordinaire qui se mérite : quelques passages en rappel à noter. Après 6h30 de marche, je me résous à faire demi-tour 100 mètres avant le sommet, au pied du pierrier qui conclue l’ascension, les quelques 1 500 m de dénivelé positif effectués depuis le matin ayant eu raison de toute mon énergie…
Je redescendrai à ma tente pour la nuit, puis au parking le lendemain. C’est l’une des sorties que j’ai préférées, notamment parce qu’elle est relativement équilibrée : des plats succèdent systématiquement aux montées, et il n’y a aucun passage ennuyeux.
à table !
Je me suis arrêtée déjeuner chez Anita's Sjømat, où j'ai découvert une jolie boutique, la seule croisée pendant mon voyage, commercialisant des spécialités locales : saumon et baleine séchée, conserves de foie de morue, herbes des Lofoten, etc.
Très bons cinnamon rolls dans la boutique de Bakeriet på ! 40 nok quand-même.
Hébergement
Il est bon de savoir qu’en raison du relief, trouver des spots de camping sauvage accessibles au sud de Reine devient très compliqué (en dehors évidemment de bivouacs en cours de rando).
Je me suis installée à deux reprises au nord, sur la commune de Fredvang, dans un endroit merveilleux ! La marée a creusé dans la végétation des sortes de marécages, dont les nappes d’eau stagnantes dans la lumière du soir se voient refléter les montagnes. Attention tout de même aux coefficients des marées : en me réveillant au milieu de la nuit à l’heure de la marée haute, j’ai pu vérifier que l’eau cernait presque entièrement le petit monticule d’herbe qui recevait ma tente ! Possibilité de garer une ou deux voitures au bord de la petite route.
Autre nuit mémorable au-dessus du Reinefjord, lors de mon trek à Hermannsdalstinden !
Et à mi-séjour, quel plaisir de passer deux nuits au chaud dans le confort douillet d’un rorbu ! Déco chaleureuse traditionnelle, vaste salon / cuisine tout équipé, petite table à l’extérieur, Eliassen Robuer est une adresse que je recommande chaudement ! Dans un hangar sont même mis à disposition un lave-linge et un sèche-linge, ainsi qu’un établi pour vider les poissons. Si vous êtes nombreux et que votre budget le permet, les cabanes n° 1 et 2 ont la meilleure vue.